Le chauffage au bois va-t-il être interdit en 2027 ? C’est une rumeur qui enfle depuis quelques mois et qui fait paniquer ceux qui comptent bien sur leurs stères et leur abri bûcher pour se chauffer encore de longues années. La rumeur est-elle vraie ? Faut-il vraiment s’inquiéter ?
C’est une tendance lourde du côté de Bruxelles qui en est à l’origine : la volonté qu’a la Commission Européenne de réduire les émissions de particules fines. Le chauffage au bois est ainsi dans le viseur… En 2018, il représentait 55% des émissions de particules fines de type PM1, les plus dangereuses car capables de pénétrer directement dans les poumons par la circulation sanguine.
De là à penser qu’on ne pourra bientôt plus se chauffer au bois, il n’y a qu’un pas ? On vous répond !
Le chauffage au bois va-t-il vraiment être interdit dans les prochaines années par la Commission Européenne ?
La révision du label Ecodesign : c’est le point de départ de cette rumeur qui enfle depuis plusieurs mois. Oui, il se dit que la Commission Européenne, en souhaitant réformer ce label, aurait en tête d’interdire purement et simplement le chauffage au bois en 2027 dans l’Union Européenne. D’ici deux ans, vous n’auriez donc plus le droit d’utiliser vos nombreux stères de bois stockés sous votre abri bûcher pour chauffer votre maison ! Un énorme coup dur alors que les prix de l’énergie sont toujours aussi haut. Et que, chaque année, on constate que la facture d’électricité augmente quand notre consommation, elle… baisse.
Mais la rumeur est-elle vraie ?
Le chauffage au bois va-t-il vraiment être interdit dans les prochaines années ?
Le chauffage au bois va-t-il être interdit en 2027 ?
Rassurez-vous, pour le moment… non. Rien ne permet de le supposer. C’est d’ailleurs le sens d’un communiqué de la Fédération des Installateurs de Poêles et de Cheminées : « Non, le chauffage au bois ne sera pas interdit en 2027. » La FIPC confirme que « les rumeurs proviennent de la révision en cours d’Ecodesign », le label qui précise « les caractéristiques imposées par l’Europe aux fabricants d’appareil ».

L’objectif pour la Commission Européenne : se débarrasser des vieux appareils à foyer ouvert
L’objectif, pour l’Union Européenne comme c’est déjà le cas en France, est d’interdire petit à petit les appareils les moins performants et les plus polluants. Ceux qui sont ainsi dans le viseur, ce sont les foyers ouverts, puisqu’ils représentent une perte calorifique énorme : en moyenne, 60% de la chaleur produite part dans l’atmosphère au lieu d’être envoyée dans l’habitation chauffée. Les études montrent qu’ils produisent également 10 fois plus de particules fines que les foyers fermés. Enfin, ils consomment deux fois plus de bois (pour une efficacité moindre, vous l’aurez compris). C’est la raison pour laquelle les foyers ouverts sont d’ores-et-déjà interdits dans plusieurs agglomérations en France comme à Lyon ou à Paris, par exemple.
Les foyers fermés, eux, ont toutes les cartes en main pour avoir de l’avenir
Mais, les foyers fermés, eux :
- utilisent et optimisent une source d’énergie renouvelable. On parle ici du bois, une ressource que l’on peut gérer de façon éco-responsable pour peu que l’on gère efficacement les forêts.
- peuvent venir soulager les systèmes de chauffage électriques lors des pics de consommation, en plein hiver, par exemple.
- se modernisent et, ce faisant, gagnent non seulement en efficacité calorifique, mais émettent aussi moins de particules fines qu’auparavant, avec une consommation de bois de plus en plus réduite.
La FIPC table plutôt sur une croissance du nombre des poêles à bois fermés
D’ailleurs, la FIPC estime, au contraire, qu’il serait plutôt légitime d’imaginer une croissance du parc des appareils de chauffage au bois domestique. Elle évalue cette croissance, à horizon 2035… à +32%, rien que ça, soit un parc de plus de 10 millions d’appareils. Des prévisions optimistes bien à rebours de cette drôle de rumeur !

Quel problème pose le chauffage au bois ?
Les particules fines, bien sûr ! On le sait, le chauffage au bois est un gros émetteur de particules fines. Parmi ces particules, toutes ne sont pas aussi fines les unes que les autres.
- Il y a les PM10, dont le diamètre aérodynamique est inférieur à 10 microns. Ces particules grossières se forment par combustion et proviennent souvent de l’usure de la chaussée, du trafic.
- Les PM2,5, pour celles qui ont un diamètre aérodynamique inférieur à 2,5 microns. Plus petites, elles concernent les suies, les pollutions des moteurs diesel et posent problème car elles peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires.
- Enfin, les PM1, inférieures à 1 micron, des nano-particules, qui peuvent passer la barrière alvéolo-capillaire. À ce titre, elles sont sont dangereuses pour la santé.
39% des PM2,5 proviennent des chaudières à bois, des cheminées et des poêles
Une étude montrait dernièrement que 39% des émissions de particules fines PM2,5 étaient dues aux chaudières à bois et aux appareils à bois de chauffage (cheminées, poêles, etc.). Contre 19% pour le transport routier, 21% pour l’industrie ou encore 18% pour l’agriculture.
Un bois trop humide rejette énormément de particules fines
Ce qu’il faut savoir, c’est que le taux d’humidité du bois que l’on brûle a une grande incidence sur les particules que celui-ci émet ensuite. Un bois insuffisamment sec, au taux d’humidité de 40%, émettra ainsi 80% de PM2,5 en plus qu’un bois propre à la combustion, qui répondra aux normes actuelles, avec un taux d’humidité de 20%. Pour 20% d’humidité en plus, 80% de particules fines en plus… Aïe !
C’est évidemment la raison pour laquelle l’UE fait la chasse aux mauvaises conditions de combustion et aux mauvais appareils. Et pour laquelle elle a déjà fait évoluer les réglementations autour de la vente et de l’information sur votre bois de chauffage.
À Lyon, on veut interdire les appareils au bois de chauffage qui dateraient d’avant 2002
C’est aussi ce qui peut mettre le doute sur l’avenir de la filière. Et ce qui pousse, en France, certaines agglomérations à aller un peu plus loin que les premières interdictions déjà prononcées. Ainsi, à Lyon, un projet d’arrêté préfectoral a été mis en consultation en septembre 2024 : il visait à élargir l’interdiction du chauffage au bois à tous les types d’appareils installés avant 2002. Et à étendre cette interdiction au périmètre de la métropole, mais aussi à un certain nombre d’intercommunalités de l’Est, du Sud et de l’Ouest de l’agglomération.

Votre abri bûcher a encore de beaux jours devant lui !
En attendant, votre abri bûcher n’est pas près de ne plus servir. Déjà, parce que vous n’habitez pas forcément à proximité de ces agglomérations concernées. Ensuite, parce que vous avez peut-être la possibilité de moderniser votre foyer avec un poêle à bois fermé plus récent, par exemple. Dans ce cas, gardez bien la preuve d’achat, puisqu’en cas de contrôle, c’est ce qui vous permettra de prouver la récence de votre installation.
- Choisissez votre abri bûcher pour stocker votre bois de chauffage !
Qui contrôlera votre poêle à bois dans la nuit ?
Enfin, aujourd’hui, le chauffage au bois donne souvent sa pleine mesure en complément d’un ou de plusieurs autres systèmes de chauffage. Les chauffagistes vous le diront : il ne faut jamais se contenter d’un unique système ! Dès lors, on imagine mal d’éventuels contrôles de votre chauffage au bois le soir venu, dans la nuit, alors qu’on ne peut apercevoir la fumée sortir du conduit de cheminée dans l’obscurité hivernale.
Le chauffage au bois reste le moyen le plus économique de se chauffer : en moyenne, 4 centimes d’euros le kW/h. Bref, gardez votre abri bûcher plein !
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